Grand port du Pacifique, le plus important du Chili et ville mythique s’ il en est! Ses petites maisons colorées montent à l’assaut des collines, toujours plus haut! On y grimpe par des escaliers raides et vertigineux, des funiculaires et autres ascenseurs du siècle dernier qui nous élèvent vers quelques balcons panoramiques; les minibus (transports publics locaux appelés micros) osent des pentes incroyables nous offrant des points de vues exceptionnels sur la baie.
Des fresques murales agrémentent les murs des ruelles conduisant à la maison-musée de Pablo Neruda. Les quartiers classés patrimoine de l’humanité, cerros Alegre et Concepción paraissent des enclaves préservées loin du raffut de la ville d’en bas. Car il ne faut pas oublier le plan, la partie basse de la ville, en partie gagnée sur l’océan, c’est là que se trouve le port, c’est là que la population se donne rendez-vous, c’est le cœur de la ville : commerces, marchés, rues encombrées de petits vendeurs : on y vend de tout ! Transports bruyants dans tous les sens, places arborées de palmiers où l’on vient jouer aux échecs ; sculptures, monuments et belles portes ouvragées rappellent la période de prospérité du port.
Et partout, bien sûr, la musique, les cafés, pubs, boites, petits restaurants, théâtres de poche derrière des façades lézardées … La bohème qui fait parler d’elle, des chinganas traditionnelles aux bars branchés d’aujourd’hui. On y danse encore et encore, toute la nuit, comme une manière d’exorciser la réalité. Car il y a deux villes : non seulement celle du haut et celle du bas, mais aussi, l’une au grand jour et l’autre, plus sombre… celle de la nuit….
Populaire et cosmopolite s’il en est, qui de tout temps a accueilli les immigrants venus du monde entier : ce sont eux qui ont fait et font cette ville unique en son genre au Chili, si différente des autres. Elle se revendique aujourd’hui capitale culturelle et fait de sa singularité, un atout. Exubérante ; colorée et bouillonnante de vie ; clinquante et dérangeante dans sa pauvreté, se revendiquant haut et fort po-pu-laire ; à l’imagination débordante : les murs en savent quelque chose, qui se sont couverts de fresques colorées ces dernières années: Valpo, la capitale du street art…. Marginale et alternative, un rien magique, déchirée, rebelle ; toujours changeante ; désorganisée en apparence, il faut en comprendre les codes : n’est pas porteño qui veut!
Au-delà de la carte postale, vitrine pittoresque et colorée, est la dure réalité économique et sociale, la vie quotidienne au jour le jour, la loi de la débrouille, dans un monde libéral laissant beaucoup de monde … À la rue, sur le bas-côté, au sens propre et figuré. Alors, récupérant et contournant la fatalité, elle se jette avec frénésie dans une fantastique créativité et une inventivité sans borne. Attraction-rejet, amour-haine, fascination-dégoût. Ce sont les sentiments contradictoires qu’elle nous renvoie, selon les jours, selon l’humeur…. Il faut aller se perdre dans ses ruelles et recoins, prendre de la hauteur… de la vue… sur la baie et cet océan, pas du tout Pacifique!!
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