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Court sardine, court !

PHÉNOMÈNE INCONNU : En Afrique du Sud, tous les ans entre mai et juillet, plusieurs millions de sardines remontent les côtes sud africaines. Elles vont pondre dans les eaux plus froides du Nord, pour ce qui est désormais connu comme la course des sardines !

Un des évènements sous marins les plus fascinants de la planète ! Visibles depuis les satellites, ces bancs peuvent atteindre 15 km de long, 3,5 km de large sur 40 mètres de profondeur ! Elles partent depuis le Banc des Aiguilles jusqu’au large de Durban, plus au Nord, dans la province du Kwazulu-Natal. Comme pour les manchots empereurs en Antarctique ou les antilopes des déserts africains, les sardines retournent dans les eaux qui les ont vues naître afin de se reproduire.

Imprégnées dès leur état larvaire par les odeurs de l’écosystème marin local, elles retrouveraient leur chemin grâce aux stimuli chimiques couplés à une extraordinaire faculté sensorielle.

All inclusive pour les prédateurs du secteur

Le show ne s’arrête pas au trombinoscope géant créé par les reflets argentés des sardines. Requins, dauphins, otaries, baleines, thons, oiseaux marins… sont également de la partie ! Les prédateurs les attaquent sans relâche le long de leur périple fou, invitant les scientifiques, perplexes face à ce phénomène, à proposer de nombreuses théories.

Pourquoi braver tous ces dangers ?

L’un des grandes interrogations de la communauté scientifique réside dans le fait que seule une partie des sardines des eaux sud africaine entreprend cette longue migration.

Deux théories à cela : le reflexe perdurerait depuis la dernière glaciation, les eaux étaient plus froides au Nord et étaient le lieu naturel de résidence des sardines. Elles ont dû se déplacer plus au sud pour suivre les courants froids mais continueraient de retourner sur leur lieu de naissance pour se reproduire.

Autre théorie : à un moment donné, un banc se serait éloigné de sa route de migration habituelle, se serait retrouvé au Kwazulu-Natal. Suite à l’exceptionnel succès reproductif, la génération issue de cette erreur aurait répété le voyage jusqu’aux incroyables bancs que l’on peut suivre aujourd’hui !

Le ballet des sardines en Afrique du Sud pendant la course des sardines est un spectacle exceptionnel

Et si elles avaient raison…

Les résultats vont en tout cas dans leur sens. La population des sardines nées plus au Nord l’emporte sur la mortalité due à la migration. Pondre en amont des courants marins donne aux œufs, puis aux larves, le temps de se développer avant de retourner sur le Banc des Auguilles, où les courants très forts entrainent les œufs au large, dispersant la communauté. À terme, cela mettrait certainement l’espèce en danger. Elles assurent ainsi la reproduction de l'espèce.

Climat alerte : la migration est de plus en plus imprévisible pour les océanographes. Peut-être en cause le réchauffement climatique. Les scientifiques craignent que celle ci puisse ne pus avoir lieu, ce qui couperait un énorme maillon de la chaine alimentaire pour l’écosystème du secteur.