Les Hindous préparent une première galette pour la vache est la vache vient le chercher sur l’entrée principale tout les matins. De toutes les surprises que l'Inde réserve aux touristes, celle de la vache sacrée est sans doute la plus connue et la plus amusante. Quoi de plus curieux pour un occidental que de voir ces vaches déambuler librement dans les rues, insensibles aux embouteillages qu'elles provoquent parfois.
La vache n'est pas exploitée pour sa viande comme dans les riches pays industrialisés, pour les hindous, elle symbolise la vie, elle est celle que Krishna protège. Dans les campagnes la vache est considérée comme un membre de la famille et la naissance d'un veau est fêtée comme celle d'un enfant.
Les boeufs étaient essentiels à l'agriculture indienne, ils étaient le principal moyen de trait et de transport dans les campagnes. Il s'aperçut alors que le nombre de boeufs en Inde était largement inférieur à celui nécessaire pour satisfaire la demande. Le boeuf est donc un bien précieux. Pour un paysan indien, un boeuf malade est une catastrophe. Il devra soit en racheter un, soit en louer un autre, donc emprunter de l'argent et s'endetter. De nombreux paysans indiens ont été obligés de quitter leur campagne car ruinés ou incapables d'acheter un autre boeuf. De plus, un boeuf ne se fabrique pas à la demande comme un tracteur, il faut une vache pour lui donner naissance. Le propriétaire d'une vache possède donc le moyen de "fabriquer" et de vendre des boeufs.
Les vaches indiennes sont très résistantes et elles se contentent de peu de nourriture. Elles mangent peu de végétaux réservés à l'homme, elles mangent surtout des déchets impropres à la consommation humaine. Il n'y a donc pas de concurrence entre vaches et hommes.
Les vaches, même mortes, servent encore puisque certaines castes utilisent leur peau pour en faire des objets en cuir. Quand elles meurent de cause naturelle, les vaches sont mangées par certains membres des basses castes. La tradition du culte de la vache assure donc que la viande arrivera dans l'assiette des plus pauvres et des plus affamés. Ce culte protège également les paysans de la tentation de tuer ou vendre leur bétail pendant les périodes de disette, car ce sacrifice leur permettrait certes de se sortir d'une mauvaise passe mais il ne leur permettrait plus de cultiver la terre ensuite.
Certains économistes ont préconisé la réduction du nombre de vaches afin d'améliorer la productivité de lait et de bouse des meilleurs éléments. Le nombre diminuerait mais sans faire chuter la production. Mais pour garder les meilleurs éléments du bétail, il faut sacrifier les autres, or les moins bonnes vaches appartiennent aux plus pauvres. Ceux-ci seraient alors obligés d'aller dans les grandes villes déjà surpeuplées pour chercher du travail.
L’amour de la vache n'est pas seulement spirituel mais il s'inscrit dans une démarche matériel logique. L'Inde utilise bien plus efficacement ses bovins que les pays industrialisés qui gaspillent une quantité d'énergie considérable. La valeur calorique de ce que consomme une vache occidentale est bien supérieure à la valeur calorique de sa viande.
L'Inde consommera peut-être un jour de la viande de vache mais actuellement, en dehors de toute considération religieuse, cette consommation serait sans effet bénéfique sur l'économie indienne. Le culte de la vache reflète donc sa réelle importance en tant que ressource.