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Culture ou discrimination ? La controverse liée à la Danse des Roseaux au Swaziland

Chaque année au Swaziland et en Afrique du Sud, a lieu le célèbre festival auquel participent plusieurs milliers de jeunes femmes vierges. La danse des roseaux est un rite d’initiation au cours duquel elles font voeu de chasteté jusqu’au mariage et vouent allégeance au roi. Retour sur une pratique culturelle à deux visages.

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Après une étape de préparation de plusieurs jours où les jeunes filles communient entre elles, la cérémonie prend place. C’est lors d’un défilé en chantant et en dansant qu’elles paradent presque nues devant le roi, les touristes et autres visiteurs. Dans certains cas, notamment en Afrique du sud, elles subissent un test de virginité. L’abstinence insufflée à ces jeunes femmes aurait pour but d’éradiquer la propagation du sida, maladie qui touche 26% de la population locale.

Une tenue chargée de codes pour la danse des roseaux au Swaziland

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Vêtues de jupes et de bijoux très colorés, certaines portent des couteaux de brousse, utilisés pour couper le roseau et qui symbolisent leur virginité. Les pompons colorés dont elles sont affublées rappellent une tradition très ancienne : un rite au cours duquel elles devaient faire vœu de chasteté pendant 5 ans. Les couleurs jaunes et bleues étaient réservées aux jeunes filles de moins de 18 ans qui doivent éviter tout contact avec les hommes. Les femmes plus âgées, autorisées à fréquenter un homme, portaient du rouge et du noir.

Des pratiques controversées

Aujourd’hui très prisé par le tourisme, ce festival n’en est pas moins controversé. On considère que le roi en aurait fait un événement touristique pour pouvoir, malgré les contestations des ONG, continuer à observer ces jeunes filles et choisir une de ses futures femmes parmi elles. Certaines organisations considère cette cérémonie comme sexiste et humiliante.

D’après ce qu’on insuffle aux jeunes femmes, c’est en effet leur bonne conduite qui aurait une conséquence sur la propagation du sida, les hommes étant déchargés de toute responsabilité.

Le test de virginité qu’elles doivent subir dans certains cas est considéré comme une pratique dangereuse et humiliante. Si elles ne sont pas vierges, elles vont être considérées comme des prostituées et potentiellement punies en étant violées. Mais si elles sont vierges, elles courent également un risque d’abus sexuels. Selon le Mythe de la Vierge, certains hommes pensent qu’en ayant une relation sexuelle avec une vierge, ils seront guéris du virus du Sida.

Lorsque le culturel trouve ses limites dans l'éthique. Se pose ici la question de notre place en tant que touriste dans la perpétuation de certaines coutumes qui, au contraire, devraient exister uniquement dans les livres d'histoire.