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Pourquoi faut-il fuir les balades à dos d'éléphant en Thaïlande?

Bonjour à tous ! Cette semaine, on se retrouve pour un second article dans la saga « Les éléphants au Pays du Sourire ». Tout le monde, ou presque, pour son voyage en Thaïlande espère avoir l’occasion d’approcher ces fascinants pachydermes et, pourquoi pas puisque c’est tendance, faire une promenade sur leur dos ... C’est sûr que sans savoir ce qu’il se cache derrière les montures et draps aux multiples couleurs, cette activité de plus en plus prisée des touristes semble attrayante. Aujourd’hui, on vous explique pourquoi cette pratique est à bannir ! Mais ne vous en faites pas, la semaine prochaine, on vous postera un article proposant des alternatives plus éthiques pour tout de même pouvoir approcher l’animal sacré et emblématique du Pays du Sourire !

La domestication, ou le "phajaan", des éléphants de Thaïlande

Commençons par le commencement : ce que beaucoup appellent la « domestication » de l’éléphant. Tout d’abord, il faut bien savoir que l’éléphant est un animal grégaire qui passe sa vie entière avec sa famille (du moins pour les femelles). Elles entretiennent des liens très serrés et, comme on l’expliquait dans le précédent article « 15 faits que vous ignoriez sur les éléphants », leur cerveau et sa conformation leur confèrent une grande empathie et un sens aigu des relations intraspécifiques. C’est pourquoi lorsqu’un éléphanteau est pris à sa mère dans la nature, ce qui est le premier cas de figure pour les éléphants domestiques (cas se présentant entre 100 et 250 fois par an, soit en moyenne 2 éléphanteaux par semaine), on finit souvent par tuer un très grand nombre d’éléphants adultes essayant de protéger le jeune. La mère, la grand-mère, les sœurs, les tantes ... Toute la famille va essayer de protéger chacun des membres de son clan. Donc pour chaque éléphanteau, plusieurs autres éléphants mourront ...

Un éléphanteau a besoin de sa mère jusque 4-5 ans mais on « domestique » un éléphanteau à l’âge de 2 ans, âge auquel on le sépare donc de sa mère. Il y a déjà la moitié des chances pour que le petit ne survive pas : à cet âge-là, il n’est pas encore suffisamment autonome ni totalement développé. Puis s’il survit, on en arrive au même point que dans l’autre cas, qui est celui d’un éléphanteau né en captivité et également retiré à sa mère aux alentours des 2 ans.

fuir les camps de trek à dos d'éléphant

À ce moment-là commence le phajaan. Peut-être le nom vous dit vaguement quelque chose ? Il y a eu plusieurs vagues de polémiques sur cette pratique. C’est cela que certains appellent « domestication » pour adoucir le terme. Il s’agit d’une pratique de désindividuation, où on sépare l’esprit de l’éléphant de son corps, c’est-à-dire qu’elle vise à rendre l’éléphant amorphe, sans personnalité, prêt en encaisser et à ne faire plus que ce qu’on lui dit de faire. La méthode utilisée pour cela est la torture physique, par le feu, les coups, l’impossibilité de se nourrir, de s’hydrater, de dormir etc. Bref, en plus des abus physiques à proprement parler, les besoins primaires de l’animal ne sont plus respectés et portent atteinte à son individualité. En résulte un animal à l’esprit brisé. Il obéira aux Hommes par crainte de revivre ces punitions et non par respect, plaisir ou symbiose.

Dans tous les centres, mêmes lesdits sanctuaires, vous verrez toujours les mahouts (cornacs) avec un bull-Hook. Il s’agit d’un bâton avec un crochet au bout. C’est la seule chose que l’animal respecte, par crainte. Le comportement d’un éléphant ne sera pas le même face à un mahout avec ou sans bull-Hook ! Cet instrument sera par la suite surtout utilisé pour diriger l’animal en l’accrochant à l’arrière de son oreille mais également pour le punir lorsqu’il « prend trop ses aises » ou n’obéit pas suffisamment à son mahout. Si le sujet vous intéresse particulièrement, vous pouvez trouver facilement sur la toile des vidéos ou des explications plus détaillées. Attention cependant aux âmes sensibles, les images peuvent choquer.

Il faut bien avoir en tête que n’importe quel éléphant que vous verrez en Asie, à moins de le voir en liberté, dans un parc national en pleine jungle, ce qui est assez rare il faut l’avouer, seront des éléphants étant passés par le phajaan. Un éléphant sauvage ne tolère pas l’Homme et le charge, c’est une réaction naturelle. Cependant, tous les éléphants ayant vécu ce « rituel » comme les thaïs aiment à dire, n’auront pas la même vie. Certains seront plus chanceux que d’autres... Plus d’informations dans notre prochain article.

bannir les balades à dos d'elephant en thailande

Les différentes "carrières" des éléphants de Thaïlande

Une fois le phajaan terminé et l’esprit de l’éléphant brisé, l’animal est estimé prêt à travailler. Plusieurs voies s’offraient à eux il y a encore quelques années, parmi lesquelles : Comme vous pouvez le voir, les deux premiers sont bannis en Thaïlande depuis quelques années. Ce qui a eu pour conséquence d’augmenter de manière considérable le tourisme des balades en éléphant. Abordons en vitesse la troisième activité des éléphants : le show. Ce sont le plus souvent les jeunes de moins de 12 ans qu’on utilise ici. Parmi les tours préférés des touristes on retrouve la danse et le foot. Les éléphanteaux deviennent ici de vraies petites vedettes... D’un œil non averti, on pourrait se dire qu’ils sont mignons et qu’ils jouent. Sauf que ces mouvements de bassin en équilibre sur 3 pattes ne sont pas du tout naturels pour eux et certains sont même douloureux. J’ai moi-même pu rencontrer un éléphant dont le bassin était si mal positionné à cause de son passé dans le show (entre autres avec des tours comme des « assis » pour lesquels l’éléphant n’a pas un corps adapté du tout !) qu’il en avait le ventre déformé ! Sans savoir, on pourrait presque penser que l’éléphante est enceinte ! Mais non, il s’agit seulement de son pelvis mal positionné et mal développé. La majorité des jeunes éléphants passent un petit temps par le show avant de partir vers le trekking. Pour ce qui est du travail dans le camp de trek en tant que tel, il y a plusieurs choses à garder en tête. La première est que les éléphants, comme dans quasiment chacun de leurs jobs, sont sous-nourris et mal-nourris. Leurs forces s’épuisent petit à petit, d’autant plus qu’ils travaillent rarement moins de 8h par jour et parfois jusqu’à 12h de promenade d’affilée ! activite touristique cruelle en thailande

Le trekking à dos d'éléphant en Thaïlande : une activité touristique cruelle

Une caractéristique des éléphants d’Asie est qu’ils peuvent attraper des coups de soleil, contrairement à leurs cousins d'Afrique. Ceux qui travaillent dans les villes ne sont pas protégés par l’ombre des arbres, ce qui est très mauvais pour leur santé et peut devenir très douloureux. Une autre caractéristique des éléphants, qui n’est pas en leur faveur dans le travail de rue, est qu’ils communiquent notamment par vibrations par le sol. Pour ce faire, ils possèdent des pieds ultra-sensibles et très souples (vous pouvez d’ailleurs facilement observer que leurs pieds, quand ils les posent, s’aplatissent et se déforment légèrement). Ils perçoivent les vibrations jusqu’à 16 km autour d’eux, vous pouvez donc bien imaginer le stress que le déplacement en ville leur procure, avec toutes les voitures, en plus du bruit etc. De plus, leurs pieds étant très sensibles, ils sont composés d’un nombre infiniment grand de terminaisons nerveuses sensitives, ce qui les rend très sujet aux brûlures. Un dernier détail qui en étonne plus d’un sur notre pachyderme : son dos est la partie de son corps la plus fragile. Contrairement au cheval par exemple dont l’anatomie permet aisément d’être monté au niveau du dos, l’éléphant ne supporte pas de lourdes charges sur son dos naturellement arqué. Autant ils peuvent porter jusqu’à 500 Kg sur leur trompe, leur nuque et leur crâne, autant une journée de trek avec une chaise en métal d'au moins 50 Kg en plus des 2 à 4 touristes sur le dos, peut leur abîmer le dos de manière relativement grave ! On peut d’ailleurs aisément reconnaître un éléphant avec un long passé dans le trekking en regardant son dos : naturellement, le dos de l’éléphant d’Asie forme un bel arc. Lorsqu’un éléphant a travaillé de longues années dans un camp de trek, son dos s’est affaissé, parfois de manière spectaculaire !

la condition des éléphants en thailande

Comment approcher les éléphants en Thaïlande de manière plus éthique?

En résumé, on peut retenir que le tourisme d’éléphants en Asie passe toujours par le phajaan, sans exception. L’esprit de l’animal est brisé à jamais, comme dissocié de son corps, comme une machine ou un robot sans plus aucun affect. Suite à ça, ils sont utilisés dans diverses industries, la principale actuellement étant le trekking à dos d’éléphant, en ville ou en forêt. Le trek, de manière générale, est très mauvais pour le dos de l’animal, que ce soit en ville ou en forêt. Et enfin, les camps de ville exposent les pachydermes au soleil tapant tout au long de la journée (ce qui leur inflige des coups de soleil parfois douloureux) ainsi qu’à de fortes perturbations dues aux vibrations perçues à 16 km à la ronde, en plus du bruit et du stress ambiant... On espère que malgré le caractère révélateur et quelque peu choquant de l’article, il vous aura plu et surtout aidé à faire votre propre avis sur la question de cette « tendance touristique », de ce « must » de votre voyage en Thaïlande. Ces informations peuvent sembler un peu sombres, mais ne vous en faites pas !  Notre prochain article vous proposera des solutions éthiques pour approcher ces êtres fabuleux sans leur infliger le mal d’un trekking sur leur dos ! Si l’alternative vous intéresse, rendez-vous la semaine prochaine pour notre 3e article de la saga « Les éléphants au Pays du Sourire » !