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Les temples aux tigres en Thaïlande

Ethika Siam vous écrit aujourd'hui à propos des temples aux tigres en Thaïlande. De bonnes informations à prendre pour se faire une opinion sur certaines pratiques et ainsi commencer à créer son futur voyage en Thaïlande de façon éthique. Entre scandales et photos de rêve, il devient parfois difficile de se faire un avis juste sur la question des tigres en Thaïlande. C’est pourquoi aujourd’hui, notre équipe vous propose, après de nombreuses recherches sur place, un article vous dévoilant les secrets de ce tourisme de plus en plus prisé des accros aux réseaux sociaux. Pas de filtre, pas d’exagération, nous vous écrivons pour vous offrir toutes les cartes pour votre prise de position. Franchise et transparence seront maîtres tout au long de cet article !

Les temples aux tigres: des tigres maltraités

« Ils se laissent caresser par l’Homme car ils viennent d’être nourris. Ils n’ont plus faim et ne veulent pas nous manger. Comme des chats, ils ne demandent que de l’affection ! »

la vie des tigres dans les temples aux tigres

Nous devons reconnaître, après de minutieuses recherches, que c’est effectivement une des méthodes employées, bien qu’elle soit loin d’être la plus répandue. Tout d’abord, lorsque le choix se porte sur cette technique, il faut savoir que les animaux sont surnourris et à toute heure de la journée, pour être certain que leur digestion les « endorme » quelque peu. Mais elle n’est jamais utilisée seule ! Combinée à la maltraitance depuis le plus jeune âge du grand félin (soit dès leur 2e semaine, âge auquel les petits sont retirés à leur mère), cette méthode offre l’avantage de ne pas offrir en spectacle des tigres amorphes, mais présente également un plus grand risque d’attaques, comme ce fut le cas en octobre 2014 à Phuket. Un touriste australien venu caresser les fameux tigres d’Indochine s’est fait attaquer aux jambes et au ventre. Le temple a de suite interdit toute communication et interview à la victime qui s’en est particulièrement bien sorti, par chance ! Ce genre de cas arrivent plus régulièrement que ce qu’annonce la presse mais énormément d’attaques sont cachées pour éviter une diminution draconienne du profit des différents centres. Une autre technique qui fait beaucoup parler d’elle à coup de « il paraît » et de « on dit que » est le recours à la drogue pour plus de sécurité. Cette option utilise en fait des somnifères, en dose parfois presque léthale, et c’est celle-ci qui permet aux visiteurs de ces soi-disant sanctuaires de prendre la fameuse photo, couchés sur le grand prédateur… L’animal n’est plus dans un état de pleine conscience et ses capacités motrices et réactives sont limitées.

Dans tous les cas, peu importe la méthode choisie, l’animal a été maltraité depuis son plus jeune âge dans l’optique de craindre l’Homme et ce en toute circonstance. Plusieurs volontaires ayant vécu entre les murs de ces temples ont avoué avoir vu des horreurs et que les coups de poing, de pied, de chaise ou encore de fouet ou de bâton étaient monnaie courante et ponctuaient le quotidien de ces prisonniers en voie de disparition.

La vie des tigres dans les temples

« Ces moines leur offrent une meilleure vie en les recueillant dans ce sanctuaire. »

les temples aux tigres en Thaïlande

Si on met un instant l’aspect « dressage » et « tourisme de masse » de côté et qu’on creuse au-delà de ce qui est présenté au public, on découvre des conditions de vie inadaptées à ce fascinant félin. Bien qu’une vie en captivité n’égale jamais une vie dans leur environnement naturel, certains centres à travers le monde abritent des animaux sauvages dans des conditions décentes de captivité. Le mot décence n’est pourtant pas le qualificatif adéquat pour décrire ces fameux « temples aux tigres » du Pays du Sourire…

En effet, les tigres sont enchaînés ou enfermés dans des cages de 30m² plus de 20 h par jour et sont manipulés par un nombre toujours grandissant de touristes, et ce de 9 à 18h, 7 jours sur 7… Drôle de notion du respect pour cet animal sauvage… En plus de la maltraitance quotidienne qu’ils subissent, ils passent des heures tous les jours à poser avec les visiteurs venus expressément pour repartir avec « la photo parfaite » avec le plus grand félin du monde. Lorsque leur attention se relâche, un petit coup sur la tête et hop, c’est reparti pour des poses toutes plus extravagantes les unes que les autres. Il ne faudrait pas que ces touristes venus des quatre coins du monde repartent avec une photo d’un tigre fatigué ou ne regardant pas l’objectif ! L’activité phare du camp restant tout de même le jeu et le biberonnage des bébés tigres ! Du haut de leurs 2 mois, ces petites boules d’énergie vous feront miroiter une complicité avec une véritable peluche en demande d’affection ! Attention ! Gardez votre esprit alerte et critique … Ce que vous vivez comme une expérience inoubliable de 30 minutes, eux le vivent en boucle 9h par jour sans jamais de congé mérité … Les touristes les gavent littéralement au biberon, alimentation tout à fait inadaptée et insuffisante pour leur bon développement, et ne leur laissent que peu de répit, chose si précieuse à leur âge … Mais les bébés ne sont pas les seuls à être mal nourris … Effectivement, il a été dénoncé à plusieurs reprises et dans différentes provinces, que le repas des individus adultes était uniquement constitué de poulet bouillis et non pas de viande rouge qui constitue la quasi-totalité de leur alimentation à l’état sauvage. Sans les enzymes présentes dans cette viande, leur musculature ne peut se développer correctement et finit par s’effondrer … Pour un grand prédateur, ce n’est pas quelque chose de « normal » ni de souhaitable … De ces conditions de vie ne respectant pas même les besoins primaires de l’espèce découlent de nombreux problèmes comportementaux et physiques (difformations, graves carences alimentaires, etc).

Où est donc passé le majestueux et respectable tigre d’Indochine … ?

Des tigres "protégés"?

« Le temple / sanctuaire sauve des jeunes dont la mère a été trouvée morte pour les remettre en liberté une fois correctement développés. »

Découvrir les temples aux tigres en Thaïlande

Cette réplique sortie tout droit des quelques guides vous informant d’ô combien ce temple est bénéfique pour l’espèce menacée cache au moins 3 faits principaux. Le premier étant l’idée que le jeune a été pris en main par le camp suite au décès de sa mère et qu’ils œuvrent donc pour son bien en l’aidant à se développer jusqu’à l’âge adulte… Il faut savoir qu’à travers le globe, le commerce et le braconnage des tigres sont deux activités interdites et sévèrement punies par la loi… Cependant, la demande est tellement forte et le business juteux qu’il est utopique d’imaginer ces lois respectées. Le marché noir propose en effet des tarifs plus qu’intéressants à travers les différents pays asiatiques. Ainsi, un jeune tigre vaudra dans les alentours de 150 000 baths et un adulte de 200 Kg sera vendu à à peu près 250 000 baths aux quatre coins de la Thaïlande. En Chine, pays où les os et le pénis du grand félin sont encore abondamment utilisés dans la médecine traditionnelle, l’animal a une valeur d’au moins 500 000 baths…

Ces deux pays sont loin d’être les seuls impliqués dans le commerce du sublime prédateur et le Laos tient lui aussi une place très importante dans ce marché aux allures d’enfer…

(Ces chiffres ont été publiés par l’association Care For the Wild, suite à une enquête menée sur le commerce du tigre à travers l’Asie.)

Certes, en achetant cet animal, ils lui évitent la mort immédiate comme leurs confrères vendus au marché noir. La notion de sauvetage du jeune reste quant à elle bien peu adaptée à la situation réelle au vu de la vie offerte à l’animal… Pensez-vous qu’on peut appeler sanctuaire un centre ne massacrant pas à proprement parler l’espèce qu’ils disent protéger mais en promouvant le juteux business de leur abus… ?

Enfin, le troisième mensonge principal de cette affirmation, soit « pour les remettre en liberté », rejoint la première vérité cachée et la boucle est bouclée. Tout d’abord, un animal ayant toujours vécu en captivité n’aura pas bénéficié des apprentissages sociaux lui permettant de survivre dans son environnement naturel. Mais en plus, son développement physique aura également été altéré, l’handicapant une fois de plus pour une vie en toute liberté… Un tigre venant de ces temples et sanctuaires ne pourra jamais réintégrer son habitat naturel. Mais même s’il le pouvait d’une quelconque façon, le commerce promettant tellement de profits, le troc et la vente restent les options les plus alléchantes pour les moines du camp. C’est ainsi qu’à la fin de sa carrière, vers l’âge de 3 ans, après quoi il devient trop dangereux, le tigre adulte est revendu au marché noir ou échangé contre un jeune et le cycle recommence. L’animal est retiré à sa mère aux alentours de sa deuxième semaine de vie, il est habitué à la présence de l’Homme, maltraité pour apprendre à le craindre et finit sa vie là où il l’a commencé, sur le marché noir, où il sera acheté vivant mais ne le restera pas bien longtemps …

Le scandale de Phuket a ouvert les portes à l’entreprise de réels sanctuaires …

Suite à la découverte de nombreux cadavres de tigres dans une pièce cachée d’un centre sur les hauteurs de Phuket, les autorités ont pris d’assaut le temple pour le fermer définitivement. Ont été saisis 146 tigres vivants. Edwin Wiek, directeur de la Wildlife Friends Foundation Thailand, travaille avec les autorités pour obtenir la permission d’entreprendre la fondation de véritables sanctuaires, où l’animal et ses besoins seraient respectés et où ils pourraient enfin bénéficier d’une vie décente en captivité. Monsieur Wiek se bat donc pour obtenir la construction de parcs de 1 500m² pour un nombre de 3 à 4 tigres à chaque fois, chacun devant avoir l’opportunité de se retirer seul dans un enclos de 25m² en moyenne. Toute cette proposition est toujours en discussion mais c’est une première étape qui nous rapproche d’un tourisme plus éthique … Nous continuons d’espérer que ce travail acharné portera ses fruits et sera finalisé !

Que peut-on en conclure ?

Le tigre est une espèce en voie d’extinction avec actuellement seulement 220 individus dénombrés dans les forêts thaïlandaises contre plus de 1 500 en captivité aux quatre coins du pays. Bien que son commerce et son braconnage soient interdits partout sur le globe, l’abus incessant de l’animal n’a fait que croître ces dernières années et pour principale cause : la demande toujours plus grande des touristes.

Le jeune est enlevé à sa mère avant la fin de son premier mois de vie. Dès son arrivée au sanctuaire, il est mis dans le bain de la crainte de l’Homme à coup de poings, de pieds et de fouet. En plus des maltraitances quotidiennes dont il est victime, il n’est pas suffisamment considéré que pour bénéficier de viande rouge ou d’espaces suffisamment grands pour répondre à ses besoins primaires. La dignité du majestueux félin qui nous fascine tous s’en est allée… Lorsque l’animal ancestral atteint ses 3 années et qu’il devient à son tour craint par l’Homme, il est revendu illégalement, offrant un dernier profit financier à ces geôliers…

Nous avons édité cet article en vue d’offrir la possibilité à tout un chacun de faire son choix et de se positionner en toute connaissance de cause quant au tourisme des fermes et temples à tigres. Nous avons appris en cours de rédaction énormément de choses, souvent déplaisantes, ce qui nous a permis de nous faire notre propre avis. Aujourd’hui, c’est à vous de faire le vôtre.

Voyagez en phase avec votre cœur, voyagez éthique !